Qu’est-ce que la valeur de l’obstacle ?

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PREMIERE PARTIE : LES BASES DE LA DRAMATISATION

CHAPITRE II : LE CONFLIT EMOTIONNEL (sixième article)

chaplin funambule

Dans mes articles précédents, j’ai donc expliqué ce qu’était un obstacle, quelles étaient les fonctions narratives de l’obstacle en tant qu’outil, et les conditions nécessaires à respecter pour créer un bon obstacle.

Un obstacle est un élément du récit qui se dresse entre le personnage et l’objectif qu’il veut atteindre et qui nécessite l’accomplissement d’une ou plusieurs actions pour être franchi. Sa fonction première est de créer un espace dans lequel les émotions vont pouvoir être provoquée, c’est-à-dire de créer l’aspect tangible du conflit émotionnel du public dans l’histoire. Il sert donc à la fois à créer des événements à raconter, ce qui est la matière première de l’histoire, à cadrer le conflit émotionnel du public et à délimiter l’espace au sein duquel les émotions vont pouvoir avoir lieu. C’est aussi un excellent moyen d’évaluer où en est le personnage par rapport à l’objectif et où le public en est par rapport à la fin de l’histoire.

Pour qu’un obstacle puisse remplir ces fonctions, il faut donc qu’il soit construit en fonction de l’objectif et qu’il constitue, pour le personnage, une véritable gêne pour pouvoir atteindre cet objectif précis. Allons plus loin, il est nécessaire que cet obstacle soit incontournable, c’est-à-dire que le personnage doit être obligé de le franchir pour atteindre son objectif. De la même manière, il est nécessaire que vous construisiez cet obstacle en même temps que vous déterminez l’action ou la série d’actions qu’il est nécessaire d’accomplir pour franchir cet obstacle. Et à ce titre, il est nécessaire que cette série d’action semble être à la portée du personnage si vous voulez que le public veuille que celui-ci essaie de franchir l’obstacle ; en d’autres termes, un bon obstacle doit toujours paraître franchissable aux yeux du public. Enfin, il est nécessaire que votre obstacle soit anticipé par le public afin que celui-ci puisse mesurer la teneur du conflit émotionnel et que la cohérence émotionnelle ne soit pas brisée.

Et j’ai finalement conclu que, en considérant tous ces éléments, il ne pouvait possiblement pas exister d’obstacle « interne » et que les défauts de caractère et les faiblesses morales des personnages étaient surtout des éléments qui influent sur la façon dont le personnage va réagir face aux obstacles et qu’il s’agit donc d’un outil totalement différent et que son effet principal était, tout simplement, de « rehausser la valeur de l’obstacle ».

La question est donc : qu’est-ce que la valeur d’un obstacle ?

 

J’ai dit dans mon dernier article que rehausser la valeur de l’obstacle revenait à augmenter les chances que le personnage a d’échouer à franchir l’obstacle. La valeur de l’obstacle, c’est donc, pour prendre une analogie mathématique, le « taux d’infranchissabilité » de l’obstacle. Plus un obstacle sera proche d’être infranchissable, c’est-à-dire plus les personnages auront de possibilité d’échouer dans leur tentative de le franchir, plus il aura de valeur. Il s’agit donc d’un indice pour évaluer les chances que le personnage a d’échouer ou de réussir à franchir l’obstacle, une notion essentielle lorsque l’on parle de conflit émotionnel.

En effet, je l’ai dit dans le premier article de ce chapitre, le conflit émotionnel est avant tout la distance qui existe entre les chances que l’on a d’atteindre un objectif et la probabilité que nous avons d’échouer à l’atteindre. Or, si l’obstacle est la manifestation tangible, dans le récit, de ce conflit émotionnel pour les personnages et pour le public, c’est donc qu’il contient, en lui-même, cette notion de probabilité de réussite ou de probabilité d’échec. Et c’est précisément ce que j’appelle sa « valeur » ici. Plus l’obstacle aura de valeur, plus le personnage aura de chances d’échouer, moins l’obstacle aura de valeur, plus le personnage aura de chances de réussir.

On peut aussi dire, par abus de langage, que l’obstacle et plus « grand » ou plus « fort » s’il est difficile à franchir avec succès, s’il nécessite plus d’efforts, plus de risque, que dans le cas inverse.

Pour prendre un exemple concret, un personnage qui veut voir un film qu’il ne possède pas et doit donc trouver le moyen de l’acquérir a énormément de chances de réussir à franchir cet obstacle a priori. Il existe de nombreuses manières d’acquérir le film en question et aucune ne représente de difficulté particulière. Cet obstacle a beau être un bon obstacle, il n’a pas une grande valeur, il n’est pas grand ou fort, c’est un petit obstacle. En revanche, un personnage qui voudrait entrer dans une grande école prestigieuse et qui, pour cela, doit passer un concours difficile, a de grandes chances d’échouer à franchir l’étape du concours. Beaucoup de facteurs entrent en jeu ici et beaucoup sont indépendant de sa volonté : beaucoup d’autres personnes font le concours, il ne connait pas le sujet à l’avance, etc, etc. Les chances sont minces et on peut donc dire que cet obstacle a beaucoup de valeur, c’est un grand obstacle, il est fort.

Là encore cependant, il s’agit bien de ce que le public va anticiper et croire par rapport à l’obstacle. On estime naturellement que se procurer un DVD est un obstacle plus facile à franchir que de réussir le concours d’une grande école. Mais dans les faits, si je vous demande de trouver le DVD du film Les Virtuoses et que vous passez le concours d’entrée d’une grande école prestigieuse qui veut justement avoir trois fois plus d’élèves que d’habitude cette année-là, vous vous rendrez vite compte que la réalité est bien différente de ce que vous avez envisagé dans un premier temps.

Encore une fois, un obstacle n’a réellement d’intérêt narratif que dans ce qu’il permet au public d’anticiper vis-à-vis de ce à quoi va être confronté le personnage. Ici, la valeur de l’obstacle ne se mesure qu’en fonction de la difficulté que l’on anticipe par rapport à lui et non en fonction de sa difficulté réelle.

Et bien entendu, il y a toujours des chances, aussi infimes soient-elles, que le personnage ne parvienne pas à franchir un obstacle, quelle que soit sa nature, qu’un événement indépendant de sa volonté survienne au dernier moment et lui coupe l’herbe sous le pied quoi qu’il tente d’entreprendre. Et de la même manière, un obstacle que le personnage n’a aucune chance de franchir en apparence n’a pas d’intérêt dramatique, comme je l’expliquais dans mon dernier article. Ainsi, si l’on imagine que la valeur de l’obstacle est un indice qui oscille entre 0 et 1, sa valeur ne peut jamais que s’approcher de 0 ou de 1, sans pour autant l’égaler.

Néanmoins, encore une fois, ce type d’évaluation n’a rien de très mathématique dans les faits et on ne peut jamais déterminer la valeur d’un obstacle qu’en le comparant aux autres obstacles.

 

En quoi la valeur d’un obstacle est-elle utile d’un point de vue narratif ?

La réponse à cela est multiple car le fait d’augmenter la valeur d’un obstacle aux yeux du public va en réalité toujours avoir plusieurs effets.

Dans un premier temps, la réponse la plus évidente, c’est qu’un obstacle qui est plus grand, qui a une valeur plus importante que les autres, créera nécessairement un conflit émotionnel plus grand pour le public. En effet, en plaçant le personnage devant un obstacle plus difficile à franchir, surtout si celui-ci est incontournable, on augmente la probabilité d’échec du personnage à atteindre son objectif. Comme le conflit est justement la distance qui sépare les chances de réussites de celles d’échouer, cela va donc naturellement creuser l’écart entre les deux. J’en avais parlé dès le premier article du chapitre, c’est l’une des deux techniques qui permettent d’augmenter l’intensité du conflit que d’augmenter la probabilité d’échouer.

Le second effet immédiat à une valeur d’obstacle plus grande est évidemment que cela augmente le suspense, puisque cela rajoute de l’incertitude. Nous reparlerons cependant plus en détail de ce mécanisme dans le prochain chapitre, qui sera directement consacré au suspense.

Enfin, le troisième et dernier effet d’augmenter la valeur d’un obstacle est en réalité de nous informer sur l’importance de l’objectif en lui-même pour le personnage. En effet, à partir du moment où le personnage est confronté à un obstacle particulièrement dur à franchir pour pouvoir atteindre son objectif, mais qu’il décide tout de même de tenter le coup, malgré les risques et malgré les efforts que ça risque de lui demander, cela nous informe avec efficacité sur l’importance qu’il accorde à cet objectif : il est prêt à faire de nombreux sacrifices pour l’atteindre.

Et donc, si le public s’identifie à ce personnage, il va lui-même mieux comprendre la hiérarchie des objectifs fondamentaux de celui-ci et avoir lui-même davantage envie que le personnage réussisse à atteindre l’objectif en question. On peut donc en conclure qu’une valeur d’obstacle plus élevée contribuera à rendre l’objectif en lui-même plus important que les autres aux yeux du public, du moins tant que le personnage ne renoncera pas à celui-ci.

Mais là encore, d’autres facteurs interviennent pour renforcer l’importance d’un objectif fondamental aux yeux du public et nous en reparlerons donc dans un futur article pour expliquer le mécanisme plus en détail lorsque tous les outils qui influent sur cette importance auront été décrit.

 

Et puisque que vous savez maintenant ce qu’est la valeur d’un obstacle et quel est l’intérêt de faire changer cette valeur sur le plan narratif, il ne me reste plus qu’une question à traiter à ce sujet : comment peut-on augmenter la valeur d’un obstacle ? quels sont les outils qui permettent de l’augmenter ou éventuellement de la réduire ?

La réponse la plus intuitive que l’on peut apporter à cette question, c’est évidemment de créer un obstacle naturellement plus difficile à franchir que les autres. C’est-à-dire, concrètement, de créer un obstacle qui nécessite plus d’efforts pour être franchi. Par exemple, entre grimper au sommet de la colline de Montmartre et grimper au sommet de l’Everest, il y a évidemment une nette différence quant à la somme d’efforts qu’il faudra fournir. On imagine plus facilement le personnage abandonner ou échouer à gravir l’Everest que d’arriver en haut de Montmartre. Un obstacle qui nécessitera plus d’actions à accomplir pour être franchi est naturellement un obstacle qui a une plus grande valeur.

Cependant, un autre moyen d’augmenter la difficulté d’un obstacle, un peu moins intuitif, mais tout aussi efficace, n’est pas nécessairement d’augmenter le nombre d’actions nécessaire ou l’intensité de l’effort à fournir, mais tout simplement d’augmenter le nombre de facteurs à prendre en compte pour pouvoir franchir l’obstacle. Par exemple, si vous imaginez un funambule qui doit passer d’une plateforme à l’autre en marchant sur un fil tendu, vous vous dites que c’est un obstacle qu’il peut tout à fait franchir en théorie : c’est son métier après-tout, il est formé à cela. Mais imaginez maintenant qu’il a un petit singe qui ne cesse de gigoter sur les épaules, qu’il doit en même temps tenir une cuiller dans la bouche avec un œuf dedans et qu’il y a trois tâches d’huiles qu’il devra éviter, sachant évidemment qu’il devra réaliser un meilleur temps de parcours que ses rivaux. Immédiatement, le franchissement de l’obstacle devient infiniment plus difficile et les chances d’échouer plus grandes, quand bien même est-il funambule. Donc oui, rajouter des paramètres à prendre en compte pour franchir l’obstacle augmentera toujours sa valeur.

Mais au final, peu importe le nombre de difficultés que vous rajouterez pour pouvoir franchir l’obstacle, le nombre d’efforts nécessaire ou le nombre de paramètres à prendre en compte, la réalité est que vous pourrez toujours retenter l’expérience en cas d’échec. Un peu comme un joueur de jeu-vidéo peut retenter à l’infini sa chance de vaincre le boss du niveau tant qu’il a la bonne sauvegarde. Peu importe la difficulté que représentera un obstacle si vous pouvez tenter de le franchir autant de fois que vous voulez. Les échecs que vous subirez seront beaucoup moins impactant que si vous savez pertinemment que vous n’aurez pas d’autre opportunité de franchir l’obstacle en question.

Et c’est pour cette raison que le troisième moyen qui vous permettra d’augmenter le plus drastiquement la valeur d’un obstacle sera en fait le nombre d’opportunités dont dispose le personnage pour franchir l’obstacle. Moins il aura d’opportunités, plus la valeur sera grande, plus on s’inquiétera de sa réussite, même si l’obstacle est facile à franchir à la base : car la moindre erreur pourrait lui être fatale. Et évidemment, si le personnage n’a en tout et pour tout qu’une seule chance, qu’une seule opportunité pour franchir l’obstacle, la valeur de celui-ci sera à son paroxysme.

Cependant, ces trois facteurs concernent directement l’obstacle, or dans le franchissement de l’obstacle il y a un autre élément à prendre en compte en dehors de l’obstacle lui-même : le personnage qui franchit l’obstacle. Evidemment l’obstacle paraîtra toujours plus grand et plus imposant si le personnage qui doit le franchir a un handicap qui le gêne dans le franchissement de cet obstacle. Echapper à monstre paraîtra toujours plus facile à un militaire de formation qu’à un unijambiste par exemple.

Une excellente solution pour augmenter la valeur d’un obstacle aux yeux du public est donc de rajouter au personnage en lui-même un handicap gênant précisément pour franchir cet obstacle-là, exactement comme j’en parlais dans mon dernier article. Ou à l’inverse – et ça se passera plus souvent dans ce sens-là d’ailleurs en termes de construction du récit – de choisir l’obstacle de telle manière que le personnage soit gêné par les handicaps, psychologiques ou physiques, qu’il peut avoir à ce moment-là de l’histoire.

Encore une fois, nous en reparlerons aussi dans un article futur, mais construire l’obstacle en fonction du personnage aussi, et non seulement en fonction de l’objectif qu’il veut atteindre, présente une infinité de vertus sur le plan dramatique.

Et donc voilà les quatre outils qui peuvent être utilisés pour augmenter la valeur d’un obstacle : créer un obstacle qui nécessite plus d’efforts et plus d’actions que les autres, augmenter le nombre de paramètres à prendre en compte pour pouvoir franchir l’obstacle, réduire le nombre d’opportunités dont dispose le personnage pour franchir cet obstacle, ajouter au personnage un ou plusieurs handicaps qui vont le gêner dans le franchissement de l’obstacle.

Et évidemment, pour réduire la difficulté d’un obstacle, il suffit de faire l’inverse. De choisir un obstacle qui nécessite peu d’efforts pour être franchi, de réduire le nombre de paramètres à prendre en compte, d’augmenter le nombre d’opportunités dont dispose le personnage, et de rajouter au personnage des facilités pour franchir cet obstacle en particulier. Néanmoins, on peut se poser la question à ce stade : est-ce réellement utile de baisser la valeur de l’obstacle ?

 

En effet, jusqu’à présent, je n’ai moi-même parlé que du fait d’augmenter la valeur de l’obstacle et des effets narratifs que cela peut avoir : intensifier le conflit émotionnel, augmenter le suspense, renforcer l’importance de l’objectif aux yeux du public. A partir de là, quel intérêt y a-t-il à vouloir réduire la valeur d’un obstacle ? Ne serait-il pas mieux de tout faire pour systématiquement augmenter la valeur de celui-ci ? Ne serait-il pas juste de dire qu’un bon obstacle, c’est aussi un obstacle qui a une valeur élevée ?

Et bien non, et ce pour trois raisons essentielles.

La première c’est que, je l’ai dit, nous n’évaluons la valeur d’un obstacle qu’en comparant celle-ci avec celle des autres obstacles. Si tous les obstacles du récit ont au final la même valeur, les nouveaux obstacles qui apparaîtront au fur et à mesure de l’histoire ne paraîtront pas plus grands que les autres, plus impressionnants ou quoi que ce soit. Et, par conséquent, ces apparitions d’obstacles auront moins d’impact émotionnel qu’elles pourraient en avoir s’il existait dans le récit des éléments de comparaison d’une plus faible valeur.

Par exemple, si je raconte l’histoire d’un guerrier qui doit tenir un pont seul face à une horde d’ennemis et que chaque ennemi est un combattant légendaire ; au bout d’un moment, l’arrivée d’un nouvel ennemi supposé imbattable ne vous impressionnera pas un seul instant. A l’inverse, si je dis que les ennemis qui se présentent à lui sont du menu fretin, de la chaire à canon qui tremble devant son épée, mais qu’au bout du centième, il finit par fatiguer et être blessé, et que c’est à ce moment-là qu’arrive sa Némésis, un guerrier légendaire qu’il n’a jamais réussi à vaincre en duel… Là, immédiatement, cet ennemi-là paraîtra effectivement impressionnant.

Les grands obstacles, les obstacles forts, ne peuvent exister et être efficaces que s’ils sont entourés de petits obstacles.

La seconde raison est qu’encore une fois, je l’ai dit dans le troisième article de chapitre, le franchissement normal de l’obstacle en lui-même ne provoque aucune émotion, c’est l’inattendu qui survient lorsque le personnage essaie de le franchir qui va provoquer des émotions. Et évidemment, nous en reparlerons plus tard, mais plus l’événement qui surviendra sera inattendu, plus il sera susceptible de créer des émotions intenses. Or, moins un obstacle aura de valeur, plus il sera facile à franchir, moins on s’attendra à ce qu’il y ait des imprévus dans son franchissement puisqu’à priori celui-ci est très simple. Et donc, tout inattendu, dans ces conditions-là, sera d’autant plus surprenant et pourra donc provoquer, paradoxalement, des émotions plus fortes aussi.

Enfin, la dernière raison, c’est tout simplement que tout cela va dépendre de vous et de ce que voulez faire en tant qu’auteur. Si, pour utiliser l’outil qu’est l’obstacle, vous devez impérativement vous assurer qu’il soit construit en fonction de l’objectif et en même temps que la série d’actions à accomplir pour le franchir, qu’il soit incontournable, qu’il paraisse franchissable et qu’il soit anticipé par le public, pour la simple et bonne raison que si vous ne le faites pas, l’obstacle ne remplira aucune fonction narrative, le fait est que vous n’êtes pas du tout obligé de lui ajouter une grande valeur. Un obstacle avec une petite valeur, comme celui qui consiste à acquérir un DVD, remplira tout aussi bien sa fonction d’obstacle qu’un obstacle d’une grande valeur, c’est juste que l’effet produit ne sera pas le même.

Et à partir de là, c’est à vous de décider, en tant qu’auteur, quel effet vous voulez produire chez votre public. Est-ce que vous voulez que le suspense soit fort ? Que le conflit émotionnel soit naturellement grand à ce moment-là du récit ? Que l’on accorde une grande importance à cet objectif ? Pour tout un tas de raisons, il peut s’avérer qu’au contraire, vous n’avez pas le moindre besoin de créer ces effets-là, voire-même qu’ils peuvent être contreproductif pour faire ressentir les émotions que vous souhaitez réellement faire ressentir à votre public.

Ce qu’il faut bien comprendre c’est que la valeur de l’obstacle, ce n’est qu’un curseur, qu’un levier sur lequel vous avez le choix d’appuyer ou non pour créer les émotions que vous souhaitez créer chez votre public. Et d’ailleurs ce n’est même qu’un levier parmi tant d’autres : peut-être vous vous rendrez compte que d’autres leviers sont déjà actionnés à ce moment-là du récit et qu’ils suffisent amplement pour créer ces émotions-là.

Encore une fois, un récit n’est bon que s’il permet effectivement de produire les émotions souhaitez par l’auteur chez son public. A vous de décider, donc, ce que vous voulez produire comme émotion et quel outil utiliser pour arriver à vos fins.

 

Pour l’instant, retenez donc que la valeur d’un obstacle c’est tout simplement la probabilité qu’un personnage aura d’échouer à le franchir ou non.

Augmenter la valeur d’un obstacle permettra d’intensifier le conflit émotionnel ressenti par le public, de créer davantage de suspense et de renforcer l’importance de l’objectif poursuivi aux yeux du public tant que le personnage continuera de chercher à l’obtenir malgré la difficulté.

Pour augmenter cette valeur, vous pouvez rendre l’obstacle plus difficile à franchir en augmentant le nombre d’actions ou d’efforts à accomplir pour le franchir, ou en augmentant le nombre de paramètres à prendre en compte dans le franchissement de l’obstacle ; vous pouvez aussi réduire le nombre d’opportunités qu’a le personnage pour franchir l’obstacle, ou rajouter un handicap au personnage qui le franchit qui gênera celui-ci dans le franchissement de l’obstacle.

Et bien entendu, c’est à vous de voir si vous voulez ou non augmenter cette valeur, sachant que vous avez besoin de petits obstacles pour faire exister les grands et qu’il sera toujours plus facile de surprendre avec un petit obstacle qu’avec un grand.

 

Je fais ici un petit aparté pour vous dire qu’effectivement, il y a grand nombre d’éléments que je n’ai pas trop développé en disant que je le ferai dans des articles futurs. Je ne trouve pas ça très sympathique de ma part, pour être honnête, de vous laisser ainsi sur votre faim.

Mais il faut bien que vous compreniez qu’en termes de dramaturgie, arrive un moment où tous les outils sont interconnectés et que celui-ci en particulier est l’un de ceux qui influe sur le plus de choses à la fois : il devient alors difficile de parler de tout en même temps sans faire un article de la taille d’un roman.

Cependant, quoi qu’il arrive, ne vous inquiétez pas, ces articles seront écrits un jour ou l’autre, j’en fais le serment.

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5 réflexions sur “Qu’est-ce que la valeur de l’obstacle ?

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    • Oui, tout à fait ! Pour l’instant, je ne parle que de techniques « de bases » qui s’appliquent en réalité à tous les récits. C’est seulement à partir de la deuxième partie que je commencerai à faire des distinctions 😉
      En tout cas, merci beaucoup pour ton message et bienvenue par ici !

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